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Chaire KAWABATA - ASSOCIATION FRANCE JAPON
23 janvier 2019

Prochaine conférence de l'Association France Japon-Chaire Kawabata le 26/01 14h30 Bibliothèque Nucera "Littérature d'Okinawa"

Prochaine conférence de l'Association France Japon-Chaire Kawabata

le 26/01/2019 à 14h30 Bibliothèque Nucera, Nice

"Littérature d'Okinawa: une créolité japonaise"

par

Nicolas Mollard,

Maître de Conférences, Faculté des Langues de Lyon

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Entrée gratuite dans la mesure des places disponibles

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Les écrivains d’après la rétrocession (1972-)

 

 

 

Il devient difficile de résumer en quelques mots les directions prises par la littérature d’Okinawa après la rétrocession au Japon tant les écrivains ont des profils divers. Mais on notera deux phénomènes singuliers : la reconnaissance d’une « littérature d’Okinawa » au niveau national et un questionnement sur le choix de la langue d’expression.

 

 

 

Après s’être structuré autour de revues phares, comme Shin Okinawa bungaku (1966-1993), le monde littéraire d’Okinawa semble gagner en visibilité auprès du lectorat national et des grandes maisons d’édition de la capitale. Suivant l’exemple d’Ôshiro Tatsuhiro, Higashi Mineo (1938-) remporte le 66e prix Akutagawa (1971) avec Okinawa no shônen (Un garçon d’Okinawa), qu’il partage avec un auteur d’origine coréenne, Ri Kaisei (1935-). Puis c’est le tour de Matayoshi Eiki (1947-) avec Buta no mukui (Le châtiment du cochon, 1995) et Medoruma Shun (1960-) avec Suiteki (Gouttelettes, 1997). Indéniablement, le canon de la « littérature japonaise » s’est progressivement ouvert aux voix des minorités sociales et géographiques. Aussi, quand la prestigieuse maison d’édition Iwanami (équivalent de Gallimard) consacre un tome entier à la littérature d’Okinawa dans sa nouvelle série sur L’histoire de la littérature japonaise en 18 volumes (1995-1997), le fait est désormais acquis : non seulement il existe une littérature d’Okinawa qui possède une singularité propre, mais ses qualités esthétiques sont largement reconnues.

 

La nouvelle génération de romanciers, Higashi Mineo dans une moindre mesure, mais surtout les plus jeunes, Medoruma Shun ou Sakiyama Tami (1953-), s’interroge sur les possibilités d’expression créative qu’offre leur langue natale. Des poètes déjà avaient contribué à une renaissance littéraire des langues ryûkyû : en l’utilisant pour des expérimentations modernistes (Nakazato Yûgô), comme expression de la vie quotidienne (Uehara Kizen) ou encore en se réappropriant la forme des omoro antiques (Makuta Tadashi). Medoruma, et surtout Sakiyama, chercheront des voies originales pour dépasser la simple transcription ethnographique de dialogues en patois et faire des parlers locaux une véritable source d’inspiration pour l’invention d’un nouveau langage littéraire. Non pas enrichir le japonais de quelques mots de dialecte, mais le faire exploser, comme aime à le rappeler Sakiyama Tami.

 

Les écrivains d’Okinawa sont ainsi appelés à trouver une voie originale en négociant avec un marché éditorial centré sur Tokyo qui tend à les enfermer dans l’exotisme ou le régionalisme, sans pour autant tourner le dos au lectorat métropolitain pour ne s’adresser qu’aux Okinawaïens.

N. Mollard

 

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