Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Chaire KAWABATA - ASSOCIATION FRANCE JAPON
27 janvier 2017

LE KOJIKI PAR M.FRANCOIS MACE A LA BIBLIOTHEQUE NUCERA, SAMEDI 28 JANVIER 2016, A 14H30

CONFERENCE SUR LE KOJIKI PAR M. FRANCOIS MACE, PROFESSEUR A L'INALCO, BIBLIOTHEQUE NUCERA LE 28 JANVIER 2017 A 14H30

 Nous poursuivons la lecture d'un texte très intéressant, écrit par Monsieur François Macé,

« Le Kojiki, une Énéide longtemps oubliée ? », Ebisu, 49 | 2013, 117-132.

 

 Nous vous conseillons de prendre connaissance de ce texte (cf. Bibliographie)

Cependant, si vous ne vous êtes pas replongé dans le texte du Kojiki avant la conférence...

voici quelques extraits ciblés autour du Kojiki qui vous permettront de profiter au mieux de la conférence de samedi ...

La construction du Kojiki

Ce jeu des oppositions [Cf. texte précédent] et le rythme donnent au Kojiki une construction comparable à un poème à forme fixe comme le sonnet ou pour rester dans le domaine japonais, le tanka 短歌 qui apparaît à cette époque. Cette construction fait du Kojiki un tout qui se clôt sur lui-même. Il ne pouvait être continué comme le sera le Nihon shoki. C’est tout à fait logiquement qu’il se termine sur une note d’apaisement par le récit de la découverte de deux princes Oke 億計王 (futur souverain Ninken) et Woke 弘計王 (futur souverain Kensō 顕宗天皇) assis près d’un foyer, dernière apparition lumineuse de l’ouvrage.

 

Leur apparition met fin à une crise de succession, car l’empereur Seinei 清寧天皇 (22e souverain) n’avait, nous dit-on, ni femme ni enfant. Unis par un amour fraternel exemplaire, aucun des deux frères ne voulait accéder à la dignité de souverain avant l’autre. Ils refusèrent enfin de se venger sur la tombe de Yūryaku 雄略天皇 (21e souverain), responsable de la mort de leur père.

 

Les jeux savants sur des oppositions eau-feu, ouvert-fermé, lointain-proche qui structurent le Kojiki devaient être encore familiers à certains milieux de la cour du viie et du début du viiie siècle. Mais ils devaient déjà être perçus comme appartenant au passé. Aussi devinrent-ils très vite incompréhensibles à une élite de plus en plus sinisée. Celle-ci s’était mise à voir et comprendre le monde avec les catégories venues du continent, celles du Yin et du Yang et des cinq agents (gogyō 五行). Ō no Yasumaro y a lui-même recours dans la préface du Kojiki. Le processus est déjà en marche dans le Nihon shoki. Il n’hésite pas à utiliser les termes de Yin et de Yang pour désigner Izanami et Izanaki, le couple primordial. Ce sera avec cette grille de lecture que les récits du Temps des dieux, ceux de ce même Nihon shoki, seront interprétés jusqu’aux travaux des Études nationales à l’époque d’Edo.

 

Ce message final de clémence et de réconciliation convenait parfaitement à l’impératrice Genmei. Elle était fille de Tenji 天智天皇 et donc sœur du malheureux prince Ōtomo, le vaincu de la guerre de Jinshin. Mais elle était aussi la veuve du prince héritier de Tenmu, Kusakabe (Kusakabe no miko 草壁皇子). Avec elle les deux branches de la famille impériale qui s’étaient opposées lors de la guerre de Jinshin, se trouvaient réconciliées.

Forme archaïsante

Les rites d’avènement des souverains et ceux d’Ise furent définitivement adoptés dans des formes archaïsantes. Les bâtiments des sanctuaires d’Ise dont la reconstruction périodique commence sous le règne de Jitō, la veuve de Tenmu, sont couverts de chaume et leurs poteaux s’enfoncent directement dans le sol. Ils forment un contraste saisissant et très probablement voulu avec l’architecture continentale couverte de tuiles et aux poteaux pérennes. Les constructions élevées pour les rites de la Grande Gustation, Daijōsai 大嘗祭, qui devint alors une des cérémonies majeures de l’avènement des souverains, sont en pins non écorcés, d’un style encore plus archaïsant.

Mais le grand récit des commencements, tout aussi archaïsant à mon sens [c'est M. François Macé qui parle] avec son rythme ternaire et ses systèmes d’opposition, resta longtemps sans écho, dans un univers culturel dominé par la pensée chinoise et le bouddhisme.

D’un côté, la vision historicisante du passé venue de Chine poussa les élites à privilégier l’histoire sous la forme des histoires officielles dans la continuité du Nihon shoki. D’autre part, le bouddhisme, dans une vision diamétralement opposée, ne voit plus dans les événements humains et divins que des épiphénomènes. Reste la question du taoïsme dont on sait qu’il fut très présent dans le Japon de l’époque de Tenmu. La réflexion s’y fait plus philosophique autour du premier commencement, du un, du souffle originel genki 元気 (chinois : yuanqi).

5 ryugu_petit_format

3 Takachiho

7 udo jingû

Tous les clichés sont de François Macé

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 54 792
Archives
Publicité