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Chaire KAWABATA - ASSOCIATION FRANCE JAPON
27 janvier 2017

CONFERENCE DE M. FRANCOIS MACE SUR LE KOJIKI : BIBLIOTHEQUE NUCERA, NICE, LE 28 JANVIER 2017 A 14H30

CONFERENCE SUR LE KOJIKI PAR M. FRANCOIS MACE, PROFESSEUR A L'INALCO, BIBLIOTHEQUE NUCERA LE 28 JANVIER 2017 A 14H30

 Nous poursuivons la lecture d'un texte très intéressant, écrit par Monsieur François Macé,

« Le Kojiki, une Énéide longtemps oubliée ? », Ebisu, 49 | 2013, 117-132.

 

 Nous vous conseillons de prendre connaissance de ce texte (cf. Bibliographie)

Cependant, si vous ne vous êtes pas replongé dans le texte du Kojiki avant la conférence...

voici quelques extraits ciblés autour du Kojiki qui vous permettront de profiter au mieux de la conférence de samedi ...

 

 

 

 

Quel est le prestige littéraire actuel du Kojiki ?

Alors que le Nihon shoki n’hésite pas à aligner parfois jusqu’à dix variantes d’un même épisode, le Kojiki s’en tient à un seul récit. En ce sens, il suit à la lettre les instructions du commanditaire, Tenmu.Ce trait, s’il était isolé, ne suffirait pas à faire de cet ouvrage une œuvre littéraire majeure. C’est en effet son statut de nos jours. On le retrouve à la première place dans les collections de littérature classique japonaise. Toutefois, son prestige actuel repose en partie sur des malentendus. Le plus souvent on ne le lit, moi le premier, qu’au travers d’une des lectures, yomikudashi 読み下し, qui en sont données, le texte original ne permettant pas une lecture unique et incontestable. De plus, il est clair que l’on lit actuellement très rapidement, quand on les lit, les longues généalogies aux noms interminables. Ce qui intéresse le lecteur moderne, ce sont avant tout les récits, ceux des dieux ou des héros, puis les chants, kayō 歌謡, premiers témoignages de la poésie japonaise. Mais ce qu’on éprouve surtout, c’est l’émotion d’avoir entre les mains le premier texte japonais. Cette ancienneté induit l’idée que ce serait un texte qui nous mettrait en présence de la source même de la langue et de la littérature japonaises. Mais c’est historiquement indéfendable. Nous savons qu’il fut précédé par d’autres ouvrages dont certains de plus de cent ans antérieurs. De plus, le Kojiki ne possède pas la naïveté que l’on prête trop facilement aux textes qualifiés d’archaïques.(...)

 

Au bout du compte, la vision que l’on retire de sa lecture est le plus souvent fragmentaire, les récits du Temps des dieux sont dissociés de ceux des héros et bien évidemment des amours légères et compliquées de Nintoku.(...)

 

Les travaux des érudits du xviiie siècle, et au premier chef ceux de Motoori Norinaga 本居宣長 (1730-1801), n’ont pas mis les critères littéraires au premier plan. Ils recherchaient l’origine de l’« âme japonaise », pure de tout contact avant qu’elle ne soit « contaminée » par les différents apports de la civilisation continentale. Motoori dans son monumental commentaire, le Kojikiden 古事記伝, a permis au Kojiki de sortir de l’ombre. Il l’a rendu intelligible, en a fait un élément de fierté pour les Japonais. Mais ce qu’il y cherchait n’était pas une émotion littéraire. Sur ce plan, la référence restera toujours pour lui le Genji monogatari 源氏物語. Il ne voulait pas non plus voir dans les premiers chants parfois assez rustiques, les kayō du Kojiki ou du Nihon shoki, des modèles à suivre en matière de poésie. Loin des kayō aux formes irrégulières, son goût le portait bien plutôt vers les waka 和歌 raffinés du Shin kokinshū 新古今集 (xiiie siècle).

 

 Par la suite, on ne retiendra que le versant nationaliste. (...)

 

Pour lui, le Kojiki parlait la langue des dieux et donnait la vérité sur le Temps des dieux comme sur les débuts du Temps des hommes. Son rapport à ce texte se situe sur le plan de la foi. Son travail est de l’ordre de l’érudition mystique.

 

Mon hypothèse est qu’il en est de même pour le Kojiki. Rien ne permet de penser que le Kojiki ait pu directement jouer un rôle religieux. On ne trouve aucun témoignage de sa récitation au cours d’un rite.

 

(…)le Kojiki fait jouer des thèmes comme celui de l’apparition lumineuse ou de la naissance dans le feu, à commencer par la naissance du feu, l’apparition d’Amaterasu au sortir de la caverne, l’enfantement dans le feu de Konohana sakuya bime 木花之佐久夜毘売, au Temps des dieux, l’incendie du château de gerbes de riz, Inaki 稲城, au Temps des hommes. Ces oppositions et ces échos entre le Temps des dieux et celui des hommes, entre le passé et le présent structurent tout l’ouvrage.

C’est sans doute là que réside la richesse du Kojiki, mais aussi la cause du long silence dont il souffrit.

 

7 udo jingû

Udon jingû, cliché François Macé

 

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