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Chaire KAWABATA - ASSOCIATION FRANCE JAPON
15 novembre 2016

SAMEDI 26 NOVEMBRE 2016, 14H30, CONFERENCE DE PASCAL GRIOLET " LE kABUKI..."

Qu’est-ce que le taishû engeki, « théâtre populaire » dans
le Japon d'aujourd'hui ?

(suite)

 

par


Pascal Griolet
Maître de conférences de langue et civilisation japonaises
Inalco

 

 

 

La différence fondamentale que l'on trouve par rapport au kabuki, c'est que ces
troupes d'acteurs ambulants qui constituent toujours, ou presque toujours, des familles
avec le père, le grand-père parfois, le fils adulte, son épouse, ses enfants, des frères, la ou
les grands-mères, des bébés qui gambadent dans les coulisses... présentent un spectacle
auquel participent hommes et femmes. Tout ce petit monde réside pendant un mois
dans un théâtre où il joue une pièce différente tous les soirs et parfois même une pièce
différente en matinée et en soirée. Le mois suivant, la troupe repart ailleurs et cède la
place à une autre.
Non seulement ces troupes d'une dizaine de personnes jouent dans des salles de
théâtre affectées uniquement à ce genre, mais elles vivent et logent dans les salles,
dormant plus ou moins tous ensemble, parfois sur ou sous la scène. On peut les
entrapercevoir parfois faisant la popote à l'arrière avec le linge qui sèche dehors.



Il est de tradition qu'à la fin du spectacle, les acteurs se précipitent (fardés, avec
leurs kimono aux couleurs voyantes et avec leur perruque d'époque) vers la sortie pour
remercier le public d'être venu, moment privilégié où l'on peut dire un mot à tel ou tel
acteur, ou actrice, qui vous a touché.

 

 


Ennosuke sur scène


Avec un spectacle différent chaque jour, le public va en se fidélisant jusqu'au
dernier spectacle du mois que l'on appelle senshûraku, « la félicité des mille automnes » :
sont alors célébrés des adieux qui peuvent être émouvants. Le lendemain dans la
journée ou parfois le soir même, tous les membres de la troupe chargent un gros camion
de déménagement avec des éléments de décors, les nombreux costumes et les
nombreuses perruques, les gros tambours et tout le matériel de la troupe, frigidaire et
machine à laver…. Il faut laisser place nette à la troupe suivante et partir pour la
prochaine destination.

 


La seconde grande différence avec le kabuki tient à ce que le public s’attend
toujours dans ce courant théâtral à ce que le chef de la troupe, qui peut jouer dans la
pièce un bandit particulièrement féroce, réapparaisse dans la partie dansée comme une
femme, émouvante, bouleversante. C’est cette transformation qui semble provoquer le
plus grand enchantement.
En raison de l'interdiction faite aux femmes de danser sur scène à l’époque d’Edo
(pour atteinte aux bonnes moeurs), le kabuki a développé ce que l'on appelle onnagata, les
rôles féminins tenus par des hommes qui s'identifient totalement à la féminité, jusque
dans leur vie privée. Dans le monde des troupes d’acteurs itinérants, hommes et femmes
jouent sur scène mais les acteurs jouent sur les deux tableaux et c'est aussi vrai pour les
femmes qui pourront jouer des rôles d'hommes, en manifestant une « virilité »
inattendue, qui fait oublier qu'il s'agit d'une femme.



Le nombre des troupes en activité, c’est-à-dire qui tous les jours se produisent
trois heures en matinée et trois heures en soirée, s'élève en ce mois de novembre 2008 à
cent vingt-sept précisément. Elles se partagent une cinquantaine de salles de théâtre à
travers tout le pays, auxquelles il faut ajouter les onsen-machi, les stations thermales, où
ils jouent depuis toujours, ainsi que les kenkô rando, sortes de « parcs de loisirs » ou
« centres de remise en forme » au coeur des villes, où l'on vient pour se baigner, boire et
s'amuser.

 


Une danse executée par Ennosuke et son frère cadet qui a 12 ans

 

 

A SUIVRE...

 

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