Invitation à la conférence d'Arnaud Brotons "La foi devenue forme...", 9 avril 2016, 14h30 Bibliothèque Nucera Nice

A propos de la conférence d'Arnaud Brotons, Maître de Conférences à l'Université d'Aix Marseille

La foi devenue forme: naissance de la statuaire shintô dans le Japon antique

(samedi 9 avril 2016 à 14h30 Bibliothèque Nucera à Nice)

Arnaud Brotons sera amené à parler de trois statues des sanctuaires de Kumano (dep. de Wakayama) qui forment un des plus anciens ensembles de statues de dieux au Japon. Mais faisons connaissance avec Kumano en se référant à un texte écrit par Arnaud Brotons que vous pouvez facilement trouver en ligne sur internet.

Extrait du « Rouleau peint racontant la vie du moine poète Saigyô » ;

Saigyô (1118-1190) écrit un poème sur la palissade du sanctuaire Yakami

durant son pèlerinage à Kumano (deuxième moitié du XIIIème siècle).

Kumano est une région montagneuse et côtière de la partie ouest de la péninsule de Kii . Aujourd’hui encore, cette zone située à cheval sur les départements de Wakayama et Mie reste difficile d’accès. Son nom apparaît pour la première fois dans les mythes compilés au viii^e siècle et, pendant les périodes de Nara et de Heian, du viii^e au xii^e siècle, les moines s’y rendent en grand nombre pour se livrer à des pratiques ascétiques extrêmes, dont certaines mènent à la mort. Mais ce sont sans doute les déplacements impériaux vers Kumano qui ont fait de cette région le premier lieu sacré du pays. En 1087, un an après son abdication, l’empereur Shirakawa prend la route de Kumano. Il inaugure ainsi une des pratiques dévotionnelles les plus marquantes des Empereurs retirés qui dura cent trente-cinq années. Sans balayer la portée religieuse de ce geste, il faut avant tout insister sur sa dimension politique. En plaçant sur le trône un de leurs fils, souvent trop jeune pour exercer le pouvoir, les empereurs parvinrent à reconquérir une partie du pouvoir, spolié par la Régence et les clans guerriers, en élaborant un gouvernement dit des Empereurs retirés (insei) dont les rescrits eurent parfois plus de poids que ceux de la cour. La reconquête du pouvoir par la maison impériale avorta dans le fracas des armes qui opposa les troupes rangées sous la bannière impériale à celles du gouvernement militaire du Bakufu lors des troubles de Jôkyû, en 1221. La fin du système politique des empereurs retirés marqua l’émergence et la suprématie des clans guerriers qui étendirent leur influence sur l’archipel de façon presque continue jusqu’à la restauration de l’empereur Meiji en 1868. Ce fut aussi, à quelques exceptions près, la fin des déplacements impériaux vers le lointain Kumano, qui constituaient un événement majeur réitéré par certains jusqu’à deux fois par an. Cette brusque disparition des cortèges royaux sur les routes de Kumano annonce l’apparition d’une nouvelle « clientèle » de dévots, recrutée parmi les guerriers, les classes bourgeoises et enfin les classes populaires.

De nos jours, Kumano fait l’objet d’une importante promotion touristique. (...)

In Lecture ethnologique d’un lieu saint connu depuis le viii^e siècle

Arnaud Brotons

https://ateliers.revues.org/82