Auditorium de la Bibliothèque Nucera, Nice, le 30 janvier 2016, 14h30, conférence d'Estelle LEGGERI-BAUER sur le Dit du Genji

Scènes du Dit du Genji sur fond de lierre (Paravent, XVe-XVIe siècle, Monastère Jôdo-ji, Onomichi)

Illustration in Le Dit du Genji, Murasaki-shikibu, Edition Diane de Selliers, 2007

Le Dit du Genji naquit à une époque marquée par une brillante floraison des lettres et des arts. La paix régnait au Japon et la cour vivait à Heian, l’actuelle Kyôto. Elle était repliée sur elle-même, ignorante du sort du peuple, indifférente à ce qui se passait en province, d’où elle tirait pourtant l’essentiel de ses revenus. L’Empereur et son entourage étaient avant tout attentifs au bon déroulement du cycle annuel des cérémonies, mode de gouvernement et expression de l’excellence d’un règne. Les femmes écartées des préoccupations politiques, développèrent une littérature en kana, forme d’écriture émancipée des caractères chinois dont l’usage était réservé aux hommes. Le Genji monogatari constitue la quintessence de la littérature féminine et romanesque. Il se distingue par une prose en langue vernaculaire mêlée de brefs poèmes en cinq vers les waka. L’éclosion de ce mode d’expression, à la fois narratif et poétique, prit place dans un contexte d’essor de la peinture profane. C’est ainsi que le  Genji monogatari commença à être illustré, sans doute dès le XIe siècle. Les images étaient accompagnées d’un extrait du texte, délicatement calligraphié. C’est donc à travers un échange incessant entre le récit, lu ou connu au préalable par le spectateur, et les images, que le Dit du Genji fut très vite apprécié. Cette tradition se maintint au long des siècles et donna naissance à une catégorie de peintures, les Genji-e, littéralement les « images du Genji », qui occupent une place éminente au sein de l’art japonais.

Introduction, Les Genji-e, entre narration et poésie, Estelle Leggeri-Bauer, Maitre de conférences à l’Institut national des langues et civilisations orientales.

Le Dit du Genji, Volume I, Diane de Selliers Editeur, 2007